La Soif 

 Quand on apaise une soif à haut degré, ou qu’à une soif modérée on oppose une boisson délicieuse, tout l’appareil papillaire est en titillation, depuis la pointe de la langue jusque dans les profondeurs de l’estomac.
La soif factice (…) provient de cet instinct inné qui nous porte à chercher dans les boissons une force (…) qui n’y survient que par la fermentation. Elle constitue une jouissance artificielle plutôt qu’un besoin naturel: cette soif est véritablement inextinguible, parce que les boissons qu’on prend pour l’apaiser ont l’effet immanquable de la faire renaître.

Physiologie du goût de Brillat Savarin paru pour la première fois en 1826