Humeur des jours
tableau : Jake Baddeley
Série : I Prucessiunarii/ Les processionnaires (voir page dédiée sur ce site)
Années 1970 : La Corse souhaite se réapproprier son identité culturelle à travers différents courants politiques et artistiques. Ce riacquistu (réappropriation) apporte la renaissance des confréries. Sur le littoral et dans les terres, portant la croix et le chant dans les pas des ancêtres, elles recréent des liens entre les villages les plus isolés.
Ma série I Prucessiunarii s’inscrit dans une forme de riacquistu : la réappropriation par le féminin de ces rites archaïques où la place des femmes a été mise au secret avant de renaître, recouvrant ses origines et retissant un lien entre traditions et modernité.
Traditionnellement rattachée au vendredi Saint, la procession menée le huit septembre à la Santa du Niolu et dédiée à la Vierge, révèle ses racines féminines. Marche spirale, la « granitula », tient son nom d’un coquillage à volutes que l’on trouve sur les bords de mer. Suivant un rituel protohistorique, de l’ordre du cosmos au chaos de la mort puis au rétablissement de l’ordre par la renaissance, les hommes obéissent aux cycles de la nature. Le symbole spiriforme, selon Mircea Eliade aurait pour fonction de provoquer chez les participants une sorte de fusion avec le cosmos qui favoriserait le retour périodique à la vie à travers la réintégrations du sein maternel. (Silvia Mancini).
Mes Processionnaires empruntent la spirale de la granitula, emboitant l’histoire des femmes marquées par les violences du patriarcat. Par son travail, l’artiste s’interroge : serions-nous aujourd’hui au centre du vortex avec ses convulsions, dont nous finirons par émerger pour une renaissance des rapports entre le féminin et le masculin ?
Lacérations, scarifications, collages et coutures des matières, j’explore avec désinvolture le métissage des techniques et des éléments, des images et des mots. Par ce langage énigmatique et divinatoire je tente de capter les symboles, les récits, émotions et les questions, à l’intérieur de mes attrape-rêves.
D'où sont-ils, d'ici ou d'au-delà?
Ils vont vers les eaux tranquilles
D'une forêt profonde et enchantée
Prendre le bain de l'aube
Entrer dans la rosée
Sous leurs pieds légers, l'herbe est fraîche
Ils se murmurent
Tu es avec moi
Vendredi 24 mai 2024
« Ta vie est comme un pont jeté entre deux vides :
Tu n’as pas de limite, au milieu tu n’es rien »
Omar Khayyâm
Portes ouvertes des ateliers d'artistes du XXe
De vendredi 3 mai à dimanche 5 mai
Debora Stein et moi-même présentons nos travaux personnels et collectifs
Les Processionnaires
Nouvelle série
On nait dans un œuf, un panier, la paume d'une main
Douillet cocon de soie
Déposé sous un abri de mousse fraîche
Odeurs de ruisseau, de racines et d'humus
Parmi les ombres, le froissement des feuilles
Le murmure du vent
En pleine forêt
On nait et on ne sait
Encore au creux du monde
La morsure de la bise
Les pièges du chasseur
Les hurlements des loups
Le fauve féroce de la peur
Dont on fait la tanière intérieure
Qu'il faudra, au fil des ans, apprivoiser
Il était une fois un enfant
Petit Poucet abandonné par ses parents
Il apprend à vivre sur la rive
Il apprend à lire sans compter
Les petits cailloux blancs
Les petits bouts de pain sont retournés au vent
Il marche vers l'antre intime des dévorations
Où la Mort l'attend
La gueule plein de dents
La Mort qu'il vainc en l'endormant
Elle se retire sur l'autre rêve
Jusqu'au prochain éveil
Lorsqu'il faudra traverser l'océan des mémoires
Se coucher dans le lit des étoiles
Briller dans la nuit noire
Mercredi 3 avril 2024
« Je ne sais ce que je vois qu’en travaillant »
Giacometti
AnnaMaricaCelli&DeboraStein
Collectif Tikkoun
Les deux grands-mères
Collectif Tikkoun
Temps n'est qu'un mot
Verbe des mues qui nous meuvent
Déjà, avant d'avoir vu le jour
Une mémoire nous enveloppe
Corps et âme
De ses fils, ses soies, ses toiles rêches, ses squames
Le coffre offert à la naissance
Contient un très ancien trousseau
D'heure en heure nous louons des costumes
A la boutique de farces et attrapes
Et d'heure en heure le vêtement du corps
Maître des apparences
Qui nous sied est de plus en plus usé, rapiécé
Chargé d'odeurs rances
Il tombe
Il se déchire
En lambeaux
Vieilles peaux
Autant, pour nos histoires, de lignes et de mots
Le temps pourtant
Dès lors que nous grattons les surfaces
Que nous entrons la blessure
Le meilleur compagnon de route
Sans ce complice de toujours
Comment traverser les mers
Comment gravir les montagnes
Elaguer les forêts au fond de nos angoisses
Eteindre les feux de nos colères
Se pardonner les offenses subies
Recevoir sans peur la radieuse hostie
D'un amour
En face, regarder les loups
Laisser les chiens parmi les chiens
Donner sa main à l'alliance
Repriser l'invisible nappe de fête
Sur la longue table des ancêtres
Poser dessus un bouquet de fleurs champêtres
Sans le temps
Comment bâtir sa maison
Sa maison pour royaume
Où il fait bon vivre?
Noire et blanche magie
S'il vieillit les écorces
A qui marche aux résurgences
Il coule, fontaine de jouvence
Vendredi 16 février 2024
En ce jour de Saint-Valentin, combien j'ai peiné à te cueillir.
Fulena Poussière
Mon nouveau recueil qui évoque la mémoire, la douceur de la nostalgie
Le titre m'a été inspiré par la chanson L'ombre (les ombres) de Tintin Pasqualini, interprétée par Antoine Ciosi
La première de couverture m'a été offerte par le peintre José d'Ornano.
Le recueil est édité par mon cher Jean-Pierre Santini et sa maison A Fior Di Carta.
Février 2024
Testa Mora Oscura
Ce qui s'endort
Appelle
Ce qui s'éveille
Vendredi 19 janvier 2024
Etats de l'eau
12 janvier 2024
Veilleuse de nuit, je suis
Je suis pas à pas la chandelle sur un pont suspendu
Le sillon d'un cortège
Que le pâtre des Morts, en appui sur un cierge
Mène dès la sorgue tombée
En terre de sommeil
Traversant les chambres des gisants impatients de l'éveil
Par le couloir des rêves
Que les primes lueurs invitent au retour
Ils passent à travers les murs
Les mains dessus les visages
Ils savent qu'en certains lieux
Des demi-fantômes, presque semblables à eux
Se portent sentinelles sur la scène du soir
Veilleuse de nuit je suis
Je garde le pont par dessus la rivière
Où coule la mémoire
Ainsi, quand vient le jour
Lorsque s'amenuise le velours et se fait voile
Qu'une porte se clôt tandis qu'une autre s'ouvre
Les yeux fermés, je devine l'étoile
Du berger qui s'en va
Guidant au bout de l'arche sa spectrale cohorte
J'entends des voix, des chuchotements
Dans une langue morte
Comme un son d'écume
L'agonie d'une vague
Toute puissante qu'elle fût
Alors seulement, au chant du coq, aux hurlements des fous, aux cris des maraîchers
Il m'est permis d'entrer dans le bazar des songes
Attraper quelque rêve bizarre
Que je pourrai conter, s'il m'en souvient
Sur mon livre d'histoires
Il était une fois deux très méchants chiens..
Vendredi 12 janvier 2024
DRY JANUARY
L'artiste plasticienne Debora Stein & moi-meme nous mettons à l'eau
L'eau de source
L'eau et les rêves
<iframe src="https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2Fannamariacaroline.celli%2Fposts%2F3666571380287515&show_text=true&width=500" width="500" height="582" style="border:none;overflow:hidden" scrolling="no" frameborder="0" allowfullscreen="true" allow="autoplay; clipboard-write; encrypted-media; picture-in-picture; web-share"></iframe>
La dernière page de 2024 vient de se tourner dans un monde en proie à divers tourmentes. J'achève en même temps mon livre de la soif. Soif de quoi? Elles sont de tous ordres, nos soifs, qu'on peut cependant résumer à combler un manque, peut-être ontologique, d'être et n'être pas, en un même mouvement. Ce qui n'est possible qu'au Divin. Dans ce jeu qui nous est laissé et où, pourquoi pas, réside notre liberté, soyons, tels les arbres du verger, porteurs de dons.
Mardi 2 janvier 2024
Chiens de meute hantent les rues en leurs coins sombres
Leurs museaux se souviennent, autrefois, ils étaient loups
Grisés par l'odeur du sang
Ils se couvrent de mantes d'ombre
Se glissent parmi les passants
Rousse est la lune
L'arbre frémissant
En secret on tisse les blessures
Les hommes ont peur
Les temps sont durs
Minuit a sonné depuis bien des heures
Cendrillon court les pieds nus
Après son carrosse disparu
Des hurlées brûlent la nuit de leurs torchères
Le loup est un homme pour le loup
On voit des visages se fendre dans des miroirs brisés
Figures de fous
Qui promettent des hosties blanches
Alors que les grenades pendent aux branches
Des grenadiers
Ce soir, le vent hulule
Les fauves traversent les quartiers
Voici que s'ouvrent portes et croisées
La chasse à l'homme a commencé
Des foules désorientées acclament les gens d'arme
L'âme serrée entre les griffes de nos frayeurs
Elles acclament
De faux prophètes, de soi-disant sauveurs
Dressant des bûchers en criant : guerre ! Guerre !
Contre le va-nu-pieds, l'infirme, l'étranger
La chasse à l'homme a commencé
Au chant des sirènes
Des Maudits masqués de loups
Entonnent leur hymne à la haine
Scandé par les tirs des canons
Quand la rage se tait, on entend tomber des larmes
Sur le chemin des Dames
Créatures de peu de mémoire
Nous dormons encore sur des charniers
Les loups sont sortis de vieux livres d'histoire
Où les corps disloqués de tant jeunes tremblent de froid
Fauchés sur des terres gelées
O Êtres de peu de foi
La chasse à l'homme a commencé
Les chiens de traque montrent les dents
Allez ! Suivez-nous au massacre, pauvres gens !
Allez-vous donc prêter l'oreille à ces menteurs
Leurs promesses de veiller au grain
Ce sont les mêmes qui un matin
Ont accroché nos peurs à leurs fusils
Souvenez-vous, par millions les fleurs furent arrachées
Nous dormons encore sur des charniers
Les dogues en meute hantent les rues
En ferons nous nos chiens de berger
Menant moutons à l'abattoir
La chasse à l'homme a commencé
Conduite par les marchands de désespoir
Cingle la battue des territoires
Le mal réclame qu'un cœur lui soit rapporté
Cœur de l'humanité
Afin de le dévorer en chemise
Noire
Tableau Otto Dix
Mercredi 28 décembre
Dédicace à mon nerf sciatique
Jeudi 7 décembre 2023
La guerre du nerf
Excité, pulsatile, dressant ses bois de cerf
Il embrase les chairs
En elles, il se fraie un chemin
Creuse au fer rouge les voies du corps Au gré de ses offensives, au gré de ses conquêtes
Brandissant son oriflamme guerrier
Il brûle les forêts, enfume les terriers
Sans répit il traque les bêtes
Il casse les os, fond la moelle, rompt le rein
Son champ d'honneur est celui de la douleur Il laisse en son sillage une vallée de larmes
Des grincements de dents
L'angoisse du lendemain
On l'entend siffler, lorsqu'à la nuit tombée
Sa silhouette de serpent, rougeoyante de braises
Ondule le long d'une épine dorsale
Pour glisser du panier à la cuisse
Et puis, lentement enfoncer ses crochets venimeux
Au tendre d'une cheville
Dies illa, dies irae,calamitatis et miseriae,
dies magna et amara valde
Jour de courroux que ce jour-là,
De calamité et de misère
Que de cette sournoise vipère
Du feu, du sel écarlate et du soufreMon ange l'on me libère
Que je retrouve, à chaque souffle
Le pays de Printemps
Sur les routes d'hiver
Tableau de Ferdinand Keller
Tino Rossi
L'enfant est imprudent
Il jouait sur le rivage
Châteaux de sable et coquillages
La mer le prend, l'emporte
Au large
La mer le noie
L'incube au fond de ses entrailles
Et puis l'avorte
Il dérive, désorienté, sur les terres
Avec le souvenir des eaux salées
L'enfant est imprudent
Il joue sur le rivage
Dimanche 5 novembre 2023
Demain je t'apporterai une fleur
Au moins, nous reste-t-il à partager
Le jour des morts
Ne faut-il pas le mettre en terre
Ce corps vide
L'Enveloppe putréfiée du printemps
Que nous traînons à dos d'homme
Dans l'espérance démente
Qu'il donne encore des fleurs
Alors qu'un poignard est enfoncé dans son cœur
1er novembre 2023
Lundi 30 octobre 2023
Mon nouvel ami, Monâne
U sumeru corsu
L'âne corse est apparu 1 200 ans avant notre ère, il fait partie de l'histoire et de la culture de l'île. Chaque famille possédait un âne. .
Côté physique, “u sumere corsu” se distingue par sa couleur “gris tourterelle” ou “ardoisée”, sa taille (entre 1m15 et 1m29) et surtout par ses membres robustes et zébrés, hérités de ses ancêtres africains. On retrouve sur son dos la fameuse "croix de Saint André".
Dimanche 29 octobre
"Certaines métaphores sont plus réelles que les gens qu'on voit marcher dans la rue."
F. Pessoa
Sculpture : La Maestà-Andrea Pisano
Je marche et vois. Confusion entre marche et vision. Ainsi, la marche du trottoir que je ne devine pas. J'abandonne mon regard. Voir au-delà.
Dimanche 8 octobre 2023
Autour d’un mot comme autour d’une lampe. Impuissant à s’en défaire, condamné, insecte, à se laisser brûler. Jamais pour une idée mais pour un mot. L’idée cloue le poème au sol, crucifie le poète par les ailes. Il s’agit, pour vivre, de trouver d’autres sens au mot, de lui en proposer mille, les plus étranges, les plus audacieux, afin qu’éblouis, ses feux cessent d’être mortels. Et ce sont d’incessants envols et de vertigineuses chutes jusqu’à l’épuisement.
Voyage dans le voyage.
Errance dans l’errance.
L’homme est, d’abord, dans l’homme, comme le noyau dans le fruit, ou le grain de sel dans
l’océan.
Et, pourtant, il est le fruit. Et, pourtant, il est la mer.
Edmond Jabès
Tableau : Abdeslem Azdem
Samedi 7 octobre 2023
A foison, je dessine des loups
De petits et de grands méchants
Pleins de grosses dents souillées de sang
Et sous des cernes endeuillés
De gros yeux jaunes, rouges ou bleus
A fleur de tête
Il y a entre moi et la bête
Un lien qui nous attache, un truc, une ficelle
Samedi 30 septembre 2023
Jupe plissée, cheveux longs
La fillette joue au ballon
Elle lève et étire les bras
Elle ouvre les mains
En rayons
Elle attrape le soleil
Dimanche 24 septembre 2023
Portails
Canaux
OEUVRE
Samedi 23 septembre 2023
On aurait dit qu'elle le portait
Que si leurs lèvres se descellaient
Il tomberait
Lundi 18 septembre 2023
Abandonné sur un banc, enroulé dans du papier blanc avec un carton agrafé portant la mention "fleurs sauvages françaises", un petit bouquet de fleurs aux teintes discrètes, très odorant. Il y a aussi une sorte de gommette en forme de cœur, où est écrit "gueule de loup".
Amour déçu
Je te comprends
Je te prends
Avec moi
Tableau: Pierre Bonnard
Un visage sans bouche
Au bout d'un bras qui pend
Sans caresse
A l'usure du silex, les lignes s'y sont effacées
Qu'est-ce qu'une langue interdite de saveurs
De poèmes
Alors sur qui pleurer
Quand les yeux traversent le papier
Dimanche 17 septembre 2023
Un chemisier blanc
Broderies anciennes
Petits boutons dans le dos
Entre les boutons, tes doigts lents
Rendent à ma peau l'humanité oubliée
Ton parfum de jasmin, de lys, de menthe
Dans la nuit trop chaude
Se répand et coule sur ma nuque
Le long de mon dos
Entre les boutons
Tes doigts lents et doux
Le vent espère un peu de fraîcheur
Le vin, un Chinon, du nom de
Soif de tendresse
Plus frais que la brise
Après, je n'ai plus peur de m'engouffrer
Dimanche 10 septembre 2023
La parole
La parole est sacrée .
Tiens-la même avec tes ennemis.
« A mo parola vale u scrittu. »
Ma parole vaut l’écrit.
Inutile d’insister sur la valeur de la parole donnée.
Elle est une garantie définitive.
Malheur à celui qui ne la tiendrait pas. E
lle remplace les actes notariés et engage solennellement celui qui l’a donnée.
Quelle honte d’entendre dire :
« Ùn hè micca un omu di parola ! »
Au bout de la nuit
Noir pourpre de la figue
Fleurissent les flocons du jasmin
Il neige comme autrefois
Quand le cri de l'enfant saignait sur le manteau d'ivoire
Douce brûlure, dans les plis de la paume
D'une petite pomme blanche
Mercredi 6 septembre 2023
Mon nom est Personne
Un nuage diabolique
C'est la rentrée!!!
Vendredi 1er septembre 2023
J'ai bien trop d'ire en moi
Et j'ose vous le dire
Mardi 29 août 2023
«Le menteur» de Cocteau, un monologue écrit pour Jean Marais
Je voudrais dire la vérité. J’aime la vérité. Mais elle ne m’aime pas. Voilà la vérité vraie : la vérité ne m’aime pas. Dès que je la dis, elle change de figure et se retourne contre moi. J’ai l’air de mentir et tout le monde me regarde de travers. Et pourtant je suis simple et je n’aime pas le mensonge. Je le jure. Le mensonge attire toujours des ennuis épouvantables et on se prend les pieds dedans et on trébuche et on tombe et tout le monde se moque de vous. Si on me demande quelque chose, je veux répondre ce que je pense. Je veux répondre la vérité. La vérité me démange. Mais alors, je ne sais pas ce qui se passe. Je suis pris d’angoisse, de crainte, de la peur d’être ridicule et je mens. Je mens. C’est fait. Il est trop tard pour revenir là-dessus. Et une fois un pied dans le mensonge, il faut que le reste passe. Et ce n’est pas commode, je vous le jure. C’est si facile de dire la vérité. C’est un luxe de paresseux. On est sûr de ne pas se tromper après et de ne plus avoir d’embêtements. On a les embêtements sur place, vite, à la minute, et ensuite les choses s’arrangent. Tandis que moi ! Le diable s’en mêle. Le mensonge n’est pas une pente à pic. Ce sont des montagnes russes qui vous emportent et qui vous coupent le souffle, qui vous arrêtent le cœur et vous le nouent dans la gorge.
Si j’aime, je dis que je n’aime pas et si je n’aime pas je dis que j’aime. Et vous devinez les suites. Autant se tirer un coup de revolver et en finir. Non ! J’ai beau me sermonner, me mettre devant l’armoire à glace, me répéter : tu ne mentiras plus. Tu ne mentiras plus. Tu ne mentiras plus. Je mens. Je mens. Je mens. Je mens pour les petites choses et pour les grandes. Et s’il m’arrive de dire la vérité, une fois par hasard, par prise, elle se retourne, elle se recroqueville, elle se ratatine, elle grimace et elle devient mensonge. Les moindres détails se liguent contre moi et prouvent que j’ai menti. Et… ce n’est pas moi qui suis lâche… chez moi je trouve toujours ce qu’il faudrait répondre et j’imagine les coups qu’il faudrait donner. Seulement sur place, je me paralyse et je garde le silence. On me traite de menteur et je la boucle. Je pourrais répondre : vous mentez. Je n’en trouve pas la force. Je me laisse injurier et je crève de rage. Et c’est cette rage qui s’accumule, qui s’entasse en moi, qui me donne de la haine.
Je ne suis pas méchant. Je suis même bon. Mais il suffit qu’on me traite de menteur pour que la haine m’étouffe, et ils ont raison. Je sais qu’ils ont raison, que je mérite les insultes. Mais voilà. Je ne voulais pas mentir et je ne peux pas supporter qu’on ne comprenne pas que je mens malgré moi et que le diable me pousse. Oh ! Je changerai. J’ai déjà changé. Je ne mentirai plus. Je trouverai un système pour ne plus mentir, pour ne plus vivre dans le désordre épouvantable du mensonge. On dirait une chambre pas faite, des fils de fer barbelés la nuit, des couloirs et des couloirs du rêve. Je guérirai. J’en sortirai. Et du reste, je vous en donne la preuve. Ici, en public, je m’accuse de mes crimes et j’étale mon vice. Et n’allez pas croire que j’aime étaler mon vice et que c’est encore le comble du vice que ma franchise. Non, non. J’ai honte. Je déteste mes mensonges et j’irai au bout du monde pour ne pas être obligé de faire ma confession. Et vous, dîtes-vous la vérité ? Etes-vous dignes de m’entendre ? Au fait, je m’accuse et je ne me suis pas demandé si le tribunal était en mesure de me juger, de m’absoudre.
Vous devez mentir ! Vous devez mentir tous, mentir sans cesse et aimer mentir et croire que vous ne mentez pas. Vous devez vous mentir à vous même. Tout est là ! Moi, je ne me mens pas à moi-même. Moi j’ai la franchise de m’avouer que je mens, que je suis un menteur. Vous, vous êtes des lâches. Vous m’écoutiez, vous vous disiez ! quel pauvre type ! Et vous profitiez de ma franchise pour dissimuler vos mensonges. Je vous tiens ! Savez-vous, Mesdames, Messieurs, pourquoi je vous ai raconté que je mentais, que j’aimais le mensonge ? Ce n’était pas vrai. C’était à seule fin de vous attirer dans un piège et de me rendre compte, de comprendre. Je ne mens pas. Je ne mens jamais. Je déteste le mensonge et le mensonge me déteste. Je n’ai menti que pour vous dire que je mentais.
Et maintenant je vois vos visages qui se décomposent. Chacun voudrait quitter sa place et redoute d’être interpellé par moi.
Madame, vous avez dit à votre mari que vous étiez hier chez votre modiste. Monsieur, vous avez dit à votre femme que vous dîniez à votre cercle. C’est faux. Faux. Faux. Osez me donner un démenti. Osez me répondre que je mens. Osez me traiter de menteur. Personne ne bouge ? Parfait. Je savais à quoi m’en tenir. Il est facile d’accuser les autres. Facile de les mettre en mauvaise posture. Vous me dites que je mens et vous mentez ! C’est admirable. Je ne mens jamais. Vous entendez ! Jamais. Et s’il m’arrive de mentir, c’est pour rendre service… pour éviter de faire de la peine… pour éviter un drame. De pieux mensonges. Forcément, il faut mentir. Mentir un peu… de temps à autres. Quoi ? Vous dites ? Ah ! je croyais… non… parce que… je trouverais étrange qu’on me reprochât ce genre de mensonge. Venant de vous ce serait drôle. De vous qui mentez à moi qui ne mens jamais.
Tenez, l’autre jour – mais non vous ne me croiriez pas. Du reste, le mensonge… le mensonge, c’est magnifique. Dites… imaginer un monde irréel et y faire croire – mentir ! Il est vrai que la vérité a son poids dur et qu’elle m’épate. La vérité. Les deux se valent. Peut être que le mensonge l’emporte… bien que je ne mente jamais. Hein ? J’ai menti ? Certes. J’ai menti en vous disant que je mentais. Ai-je menti en vous disant que je mentais ou en vous disant que je ne mens pas. Un menteur ! Moi ? Au fond je ne sais plus. Je m’embrouille. Quelle drôle d’époque. Suis-je un menteur ? Je vous le demande ? Je suis plutôt un mensonge. Un mensonge qui dit toujours la vérité.
Je souffre
Donc je ris
Je crisse et me brise
Ce soir, je boucle les travaux avec "L'homme qui rit".
Faudrait-il une aiguille pour recoudre les plaies
Faudrait-il le feu afin de cautériser la blessure
Quand les doigts sages de la sorcière
Connaissent le chemin par cœur
Qui tissent les fils rompus des choses et de la douceur
En un clin d'œil?
Samedi 26 août 2023
W2023H55655
Histoire belge
23 août 2022
Que je place au dépôt des encombrants
25 août 2023
Prière pour l'enfant mort. Mercredi 23 août 2023
Les larmes de l'enfant
Le sang de l'enfant
Goutte à goutte
Du ruisselet au torrent
J'entends déjà sous le vrombissement
La voix lyrique s'élever
Puis contre les pierres, se jeter
Inextinguible cri sous les voiles immaculés
Stridulations d'un deuil irrémissible
Salves
Cascade
Et du torrent au fleuve amer
La petite âme monte au ciel
Que pleure le chant
Que pleure le vent
Dans les habits noirs des pères et des mères
Les tuniques, les robes, les foulards, les aubes
Claquent sous les rafales
Je plains la douleur qui hurle
Je plains la douleur en silence
Sur le ventre maternel déchiré
Eclate le sang de l'enfant
Les rues se brisent
Les tours s'effondrent
Les corps tremblotent
Les cœurs sanglotent
La bouche qui délivrait les baisers
Se noie
Et pourtant, au lieu de la brûlure des lèvres
L'espoir couvert de cendres fait un rêve
Où pousse une lueur rouge
Qui bat encore
Une fleur
Que scande le chant
Que balance le vent
Mais ce n'est pas une feuille morte
Non, pas une feuille morte
Lundi 20 août 2023
Supermarché chinois Belleville
Étonnants reptiles violets
Courgeuvres ?
Dimanche 19 août 2023
Deux grandes joies ce jour, ce petit mot de Valentine Cohen, la maman de l'Art-Matrice et du festival induction qui s'est terminé aujourd'hui à Blaye:
" Anna Maria Carulina Celli ses peintures projetées sur scène dans L'art-Matrice AM. Hier
Fière et reconnaissante je suis.
Et puis, mon fils Julyan qui me fait comprendre que je m'apprête à acheter une étagère sur le Bon Coin plus chère d'occasion que neuve. Je le cite :"On ne peut vraiment pas te laisser en autonomie".
Grosse rigolade. Merci la vie!
Le fil
La naissance ressemble au chaos dont le vivant se délivre.
La mort ressemble au chaos vers quoi la vie le livre. Lie.
Entre l'une et l'autre un fil. Mais où commence-t-il?
C'était samedi 18 août 2023
Stantari, Art-Matrice
Mes Stantari font l'affiche de l'Art-Matrice à Blaye. Merci Valentine Cohen et MATA Malam. 😍
Jeudi 17 août 2023
Antiques saveurs
PierPaolo Pasolini
Tout comme, en ces jours lointains,
elles le faisaient des fleurs fraîches
mes mains pourront-elles tresser
des fleurs sèches ?
Aujourd’hui je me dupe, hier
j’étais dupé : pourtant si une pensée
légère ou un souci
me harcèle, mon cœur brûle à nouveau
pour les antiques saveurs.
Santa Maria
15 août 2023
De Marbre
Fol celui qui croit voir palpiter le sein
De ces chimères désolées
Faites d'organes et de veines marbrées
Ces éteignoirs d'enchantement
Dont les lèvres demeurent fermées
Dimanche 13 août 2023
Jour du Seigneur, je renoue avec le loup
Vendredi 11 août 2023
Parc de Belleville
Tendre et si bleau
Vendredi 11 août 2023
Me voici bel et bien encadrée par Jean-Charles Raffard
Jeudi 10 août 2023
Zambèze
J'ai récupéré des carreaux de granit noir du zambèze. Un support beau, luxueux. Tout un voyage. J'y ai vu se dessiner des Stantari. Alors, j'ai tenté la traversée du noir. Le travail n'est pas terminé.
Mardi 8 août 2023
Un gamin monte dans le bus.
- Oh! Maman! Le dernier narrêt, c'est porte des Lilas. C'est loin!
Et le dernier namour, mon amour? C'est encore loin?
Dimanche 6 août 2023
Vivre: emprunter un escalier. Au fur et à mesure, laisser tomber les objets. Décrocher les griffes accrochées à son dos. Dialoguer avec des fantômes. Souffler sur des flammes pour voir dans le noir.
J'ignore si je descends ou si je gravis des marches.
J'ignore s'il faut descendre ou gravir des marches.
Je sais que je dois être seule.
Je dois être avec tous.
Samedi 5 août 2023
Le silence s'est installé
Dans l'ombre
Du cerisier mort
Sur la chaise en fer forgé
Rouillée
Sur le cerisier mort
Il y a encore une tourterelle perchée
Elle chante
Au-dessus du silence enchanté
La tête, doucement inclinée
Il regarde passer les nuages
Les nuages, les souvenirs, les pensées
Il regarde passer les visages
De tous ces gens qui ont beaucoup parlé
Si peu fait
L'un des plateaux de la balance
Est rempli de mots creux
L'autre d'amour mais ce peu
Garde en équilibre le monde
Donner est toujours plus léger
Que les balles du jongleur
Que les belles paroles épinglées à la boutonnière
Le silence s'est installé
Parmi les herbes folles et les fleurs sauvages
Du jardin abandonné
Oh! Ce n'est pas ce vieux bougon
Se taisant par dépit ou par rage
C'est pour écouter les plus infimes bruits
Ceux de la fourmi ou du commencement du vent
Qu'il se tait
Il écoute la langue vivante des mondes intérieurs
Et il sait
Qu'entre lui et ceux qui parlent sans parole
Le fil s'est rompu
Il l'a entendu s'étirer
Se briser
Il regarde passer les nuages
Les nuages, les souvenirs et les pensées
La tête renversée
Au large... Au large
Photo AMCelli
Vendredi 4 août 2023
Je découvre la peinture de Michael Fratrich. Je retombe en enfance, dans cette mélancolie inquiète et douce, qui porte en elle sa propre consolation, qu'on ne trouve qu'en pays de l'enfance, et dans la solitude.
01h01 Le Bateleur
Jeudi 3 août 2023
Le vent souffle très fort dans la nuit. Je regarde l'heure et tombe encore sur une heure miroir: 01h01, associée à la lame du bateleur dans le tarot.
Je m'interroge...
Points positifs de l’arcane
La lame du bateleur vous fait savoir que vous allez bientôt connaitre un nouveau chapitre, un nouvel processus va débuter, il s’agit aussi d’un mouvement dans votre vie. En domaine du cœur, il serait une naissance d’une belle histoire d’amour si vous êtes célibataire, ou un impact positif dans votre relation actuel si vous êtes en couple, pourquoi pas une demande au mariage. Dans le domaine du travail, c’est la conception d’un nouveau projet, ou bien l’apparition de nouvelles solutions aux difficultés rencontrés dans votre travail, ne vous inquiétez pas vous embûches vont disparaître dans le futur proche.
Point négatif de l’arcane
Dans le cas où cet arcane ressort à l’envers, c’est un mauvais signe, ça fait allusion à une magouille, une manœuvre ou une manipulation. Le bateleur va jouer le rôle d’un illusionniste qui exerce des tromperies visuelles sur les spectateurs pour les convaincre de ses dons surréels. Ici, il fera tout pour embellir la réalité, au point d’arriver à mentir et tromper pour arriver à ses fins. Soyez très méfiant, il y a bien quelqu’un qui vous dissimule une vérité que vous avez le droit de savoir. Cette personne son sport préféré est la manipulation, faites attention !
C'est un peu effrayant, surtout lorsqu'il fait noir et que hulule le vent. L'amour et dans le miroir où il se regarde: l'illusion.